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11 novembre 2010

Gbagbo et la phobie de ‘‘l’étranger’’

Brouille entre Abidjan et Dakar ! L’information a fait la Une de plusieurs journaux. Elle a été suffisamment relayée par plusieurs médias en Afrique et ailleurs dans le monde. Le pouvoir Gbagbo venait de rappeler l’ambassadeur ivoirien au Sénégal et convoquer celui du Sénégal en Côte d’Ivoire pour lui remettre en mains propres une motion de vives protestations de la part d’Abidjan. Motif de la grogne : une audience accordée par Abdoulaye Wade à Alassane Dramane Ouattara, candidat à l’élection présidentielle ivoirienne et adversaire direct du président sortant, au second tour du scrutin. Aux yeux de Laurent Gbagbo et des siens, cette rencontre Wade-Ouattara avait tout l’air d’une « conspiration », un complot ourdi. Contre qui ? L’Etat Ivoirien ? La majorité présidentielle en Côte d’Ivoire ? Le candidat ou le Président Laurent Gbagbo ? Trouver réponse à cet ensemble d’interrogations relèverait d’un exercice risqué. Mais prenons-le, ce risque. Dans un premier temps, on serait tenté d’attribuer le coup de colère au Président qui s’offusquerait au nom de la République de Côte d’Ivoire, vu jusqu’où l’on a poussé l’affaire (Rappel et convocation d’ambassadeurs). Mais, des commentaires et autres déclarations émis dans la logique de la condamnation du voyage de Ouattara chez Wade, il ressort que le terreau de la polémique réside plus dans le statut actuel de l’ancien premier ministre ivoirien. Il est candidat à la présidentielle et s’apprêtait à être le challenger du président-candidat à sa propre succession pour la suite des joutes électorales. On est plus porté à croire, à partir de cet instant, que c’est plutôt le candidat Laurent Gbagbo qui est frustré. Pas le Président. Dans ce cas, l’on n’était pas obligé d’en faire une affaire d’Etat au point d’affoler diplomates et paisibles populations. C’était l’amalgame à éviter : être Juge et Partie à la fois. Depuis cette fameuse audience et même bien avant, Laurent Gbagbo a pris l’habitude de désigner ces adversaires politiques et notamment Alassane Dramane Ouattara, comme les ‘‘candidats de l’étranger’’. Il l’a encore répété ce mardi dans un point de presse qu’il a animé en sa double qualité de Président de la République et de candidat à la présidentielle. Ses propos et ses différentes postures face aux journalistes ont été sans ambages. Un point de presse abondamment diffusé de mardi à ce jour sur les antennes de la Télévision Ivoirienne. Pas la moindre image, cependant, de l’investiture de Ouattara par le Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). A peine les résultats du premier tour ont-il été publiés qu’un avion est venu le chercher pour Dakar. Et à l’heure où je vous parle, il se trouve à Ouaga, dénonçait Laurent Gbagbo avec force, pendant qu’il se posait lui-même en patriote aux convictions profondes pour son pays, à contrario des autres qui seraient des marionnettes téléguidés de l’étranger. Un Etat, si puissant soit-il, n’existe pas sans d’autres Etats. Le Concert des Nations n’est pas une vaine notion. De la même manière qu’une Côte d’Ivoire fragile fragilisera toute la sous-région ouest-africaine, une CEDEAO ou une UEMOA mal-en-point ne sera pas sans impacts nocifs sur la santé de l’Etat Ivoirien. Il n’y a aucun mal à ce qu’un homme ou une femme qui aspire à diriger un pays entreprenne de solliciter l’onction voire le soutien d’autres dirigeants déjà en places dont il ou elle juge le positionnement stratégique pour le succès de sa vision et de ses ambitions. C’est de l’ordre de la Géopolitique. Laurent Gbagbo, s’il est élu demain, ne conduira pas la Côte d’Ivoire dans la quiétude vers la prospérité sans être lui-même en paix, en harmonie avec ses voisins immédiats et lointains, y compris le Sénégal et le Burkina Faso. La meilleure manière de tirer un trait sur le passé est d’en tirer leçons. J’ose penser que mes frères d’à côté ont fini de transcender cette catégorisation de la société ivoirienne qui voudrait qu’il y ait des ivoiriens patriotes et d’autres, apatrides. Je veux espérer que s’ils votent pour Gbagbo, ce sera parce qu’ils ont jugé son projet de société plus en phase avec leurs aspirations et non parce qu’il aura réussi à les persuader que Ouattara & Co est une entreprise aux ordres de mercenaires. Le mal ne vient pas forcément de dehors.
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