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25 octobre 2010

L'exploit de Boni Yayi

Nous sommes à quelques jours de la fin de l’année 2005. Ce qui jusque là semblait une rumeur, persistante fût-elle, s’était avéré. Les béninois découvrent le candidat Boni Yayi et sauront par la même occasion qu’il porte un autre prénom : Thomas. Le présidentiable Thomas Boni Yayi pensait-il être à même de remporter l’élection en ce moment-là ? Oui, peut-être. Mais la question devrait est celle-ci : jusqu’à quel point croyait-il en ses chances, novice qu’il était en politique ?

Essayons un instant de remonter le temps, voulez-vous. Fouillons un peu dans les annales de l’histoire du Bénin, de la Conférence des Forces Vives de la Nation (Février 1990) et l’avènement de la démocratie, à une époque plus récente (Mars 2006). Je passe volontiers sur les périodes 1960-72, et 1972-89, qui, au vu de leurs particularités respectives, (forte instabilité pour la première et stabilité trop forte pour la seconde) ne me paraissent pas regorger d’éléments d’illustrations suffisamment convaincants dans le cadre des réflexions que je développe ici.

Remontons donc le temps jusqu’à Février 1990, pour nous rendre compte que Nicéphore Soglo, élu en mars 1991, était déjà premier ministre du Général Mathieu Kérékou, depuis un an, au sortir de la Conférence des Forces Vives de la Nation, et pouvait déjà s’appuyer sur une coalition de partis politiques d’envergure, vainqueurs des élections législatives, il y avait tout juste un mois.

Mathieu Kérékou, qui a pris le pouvoir à Nicéphore Soglo en 1996, avait déjà dirigé le Bénin pendant 17 ans (la fameuse période 1972-89, justement). Et même si en 1989, au soir de la période dite révolutionnaire, l’on avait reproché beaucoup de choses au Général sur ses presque 2 décennies de règne – marxisme-léninisme, régime autocratique, parti unique, assassinats politiques, absence de dialogue et de contradiction etc… – ils étaient également nombreux, en 1996 à reconnaître que tout n’avait pas été qu’absolutisme, que 1972-89 avait somme toute, apporté au Bénin une certaine quiétude et surtout de la discipline dans les sphères sociale et administrative du pays. A la fin 1989, Mathieu Kérékou était encore aux yeux de nombre de ses compatriotes, un homme de bonne foi. Puis, d’homme de bonne foi, il est passé Héro en février 1990, non seulement pour s’être interdit de remettre en cause les conclusions et recommandations de la Conférence Nationale mais aussi pour les avoir respectées à la lettre. Les résultats de l’élection présidentielle de mars 1991 sont là pour témoigner de ce que la cote de popularité du Général ne s’était pas autant effritée que son règne était décrié. Il a été au second tour du scrutin contre Nicéphore Soglo. C’était quelque chose !

Il y a cinq ans, Boni Yayi n’était que peu connu des béninois. Il l’était encore moins, ou pas du tout, un an plus tôt. Mais le voilà, en tête du premier tour du scrutin présidentiel de mars 2006. Score : 35%. Entre lui et Adrien Houngbédji, son challenger direct, l’écart était grand de 10 points. Il le sera davantage au deuxième tour. 50 points. A mon avis, cet élan populaire dont avait bénéficié le candidat Thomas Boni Yayi était moins le mérite des quelques politiciens et puissances financières qui le soutenaient, que l’expression d’un ras-le-bol général du peuple contre la classe politique dans son ensemble. Ras-le-bol d’entendre les mêmes noms, les mêmes discours, de subir les mêmes caprices, les mêmes ruses politiques depuis 1991. L’actuel président de la République ne leur avait-il pas promis le changement, la rupture ? Cela n’a pas empêché ceux que disciples et lieutenants du changement allaient dorénavant pointer du doigt comme ‘‘la vieille classe politique’’ (Rosine et Nicéphore Soglo, Séfou Fagbohoun, Bruno Amoussou, Lazare Sèhouéto et compagnie) de préférer Boni Yayi, « l’intrus qui ne connaissait pas la maison » au vieux briscard de la politique, Adrien Houngbédji.

Presque 5 années se sont écoulées. Boni Yayi sera resté du début à la fin, la cause commune de la ‘‘vieille classe politique’’. 2006 : l’homme à élire au détriment de Houngbédji, 2011 : l’homme à déchoir au profit de Houngbédji.

Si ce n’est pas un exploit !

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