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5 novembre 2012

L’inintelligible posture de Houngbédji

S’il y a une chose qu’on lui a souvent reproché sous l’ère du renouveau démocratique au Bénin, c’est sa versatilité, son inconstance en politique. On déplore qu’il soit tantôt ici, tantôt ailleurs. Ce qui lui a valu chez certains de ses compatriotes, le surnom « Amassè », en référence à ce serpent à deux têtes qui, d’un coup, peut vous mordre de part et d’autre. Le « Amassè » ne va pas tout à fait droit devant lui. Il est difficile de suivre ses traces. Un quidam ne peut l’éliminer sans y laisser sa peau ou sans en porter les séquelles à vie. Il faut être chasseur futé pour se rendre capable d’un tel exploit. Ainsi parlait ma grand’mère.

En effet, nous ne sommes pas habitués à voir Maître Adrien Houngbédji se donner une ligne politique et s’y tenir sur le long terme. Ce n’est surement pas de son plein gré. C’est par la force des choses, dirions-nous. Son cas n’est surement pas unique mais nous parlons de Maître Adrien Houngbédji, un homme dont l’envergure et par conséquent les prises de position ont au moins une fois déjà modifié le cours de l’histoire politique du Bénin. Sans parti pris, je suis de ceux qui pensent que Nicéphore Soglo aurait rempilé en 1996 si Adrien Houngbédji, arrivé alors 3è au 1er tour de la présidentielle, n’avait pas appelé à voter pour le Général Mathieu Kérékou contre un poste de premier ministre qu’il quittera au bout de deux ans, fâché et frustré.

D’aucuns estiment, à tort ou à raison, que cet appel en faveur de Kérékou il y a 16 ans fut une erreur politique dont il continue de payer les frais. http://www.lanouvelletribune.info/index.php/politique14/4847-pardon-de-houngbedji-a-soglo

En 2001, alors qu’il avait l’occasion de prendre sa revanche sur Kérékou au second tour de l’élection présidentielle de cette année-là, il préféra faire comme Nicéphore Soglo, classé 2è, c’est-à-dire refuser d’affronter le Général Caméléon, dénonçant des fraudes massives lors du 1er tour du scrutin. http://www.rfi.fr/actufr/articles/015/article_6917.asp

En 2006, lorsqu’il a eu besoin de fédérer la classe politique autour de sa candidature, la classe politique, elle, n’avait d’yeux que pour son challenger. Conséquence : il s’est fait écraser par Boni Yayi, « l’intrus ». En revanche, à l’élection présidentielle de 2011, la même classe politique, déçue entre-temps par Boni Yayi, était bien à ses côtés  http://beninmondeactu.canalblog.com/archives/2010/10/25/19421646.html. Hélas pour lui! C’était trop tard. L’intrus avait pris ses quartiers et ils ont échoué à le déloger.

La suite ? Nous y sommes !

La coalition U.N (Union fait la Nation), censée aider Adrien Houngbédji à conquérir le pouvoir en 2011, s’effrite. La Renaissance du Bénin quitte le navire pour le camp présidentiel. Cette volte-face passe mal au sein du groupe et donne lieu à des accusations réciproques de mesquinerie et de traîtrise. Ensuite, c’est le PRD de Houngbédji qui claque la porte de l’Union fait la Nation pour devenir un parti d’opposition, toutes formalités dûment remplies. Nous venions d’avoir la première formation politique de l’opposition au Bénin, du moins, officiellement.

Aujourd’hui, que reste-t-il de ce statut que le PRD s’était librement donné ?

Le parti demeure dans l’opposition, nous dit-on. Tout de même ! Remarquez qu’on le clame moins fort qu’il y a quelques mois. Par ailleurs, les attitudes dont les lieutenants tchocos-tchocos ont fait montre ces derniers temps donnent le tournis à qui tente d’y comprendre quelque chose. Voici trois éléments, entre autres, qui m’amènent à de telles opinions :

-           Début Septembre 2012. L’université de vacances du PRD. Au menu des assises : la campagne cotonnière 2012-2013 et le Programme de Vérification des Importations (PVI Nouvelle Génération). Au rang des personnalités invitées à en parler, figuraient des membres du gouvernement, venus entretenir les militants sur les gages de succès de ces deux axes majeurs des réformes de Boni Yayi. Avant l’université de vacances du PRD, les deux sujets (Coton et PVI) avaient suffisamment agité la presse nationale, entre communication gouvernementale à tout va, réserves de l’opposition (U.N et PRD inclus) et grogne de douaniers mécontents. Je doute qu’après ce tapage médiatique, il y ait des béninois, militants du PRD soient-ils, qui ne sachent rien, à ce moment-là, des forces et faiblesses du Programme de Vérification des Importations et de la campagne cotonnière. En tout cas, les positions des uns et des autres étaient connues de tous.

 

-           Deuxième élément. La démission du député Atao Hinnouho du Parti du Renouveau Démocratique, qui suppose que le groupe parlementaire PRD vole en éclat à tout moment parce qu’il ne compterait plus assez de députés. Pour y remédier, le parti est prêt à accepter le coup de main de la mouvance présidentielle, elle-même disposée à lui fournir éventuellement le nombre de députés qu’il lui faudrait pour rester un groupe parlementaire.

 

-           Troisième élément, celui-ci plus récent : la réaction du PRD, portée par Adrien Houngbédji en personne, au sujet de la présumée tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat. Pour résumer, lui et ses bras droits disent qu’ils font confiance à la justice béninoise pour tirer l’affaire au clair, appellent au respect de la présomption d’innocence pour les mis en cause mais en même temps, expriment leurs compassions au Président de la République. http://www.lanouvelletribune.info/index.php/actualite/une/12592-houngbedji-exprime-sa-compassion-a-yayi

Quelles compassions pour quels motifs ? Alors qu’ils ont reconnu que la lumière est à faire sur le dossier, que Talon, Moudjaïdou et Compagnie sont innocents jusqu’à ce que leur culpabilité soit prouvée devant la justice. On en était à ce stade de questionnement quand, cerise sur le gâteau, Adrien Houngbédji et ses proches collaborateurs sont allés voir le Chef de l’Etat à son cabinet, tout sourire. Nous sommes au lendemain de leur déclaration. Ils n’ont pipé mot à leur sortie de la présidence de la République mais on imagine qu’il a été question de réitérer, de vive voix, leurs compassions au Président Boni Yayi.

Donc à quoi joue le Parti du Renouveau Démocratique ? (Seul parti d’opposition au Bénin, au regard des textes officiels en la matière, rappelez-vous).

Mes conjectures :

-           Houngbédji s’amuse à rendre folle de rage et d’inquiétudes la Renaissance du Bénin pas encore bien assise au sein de la majorité présidentielle. Une sorte de bras d’honneur à un ex-allié qui n’en a jamais été un, en réalité.

 

-           Le PRD joue à prendre, sur un air de vengeance, le contre-pied de l’Union fait la Nation qui, on le sait, ne croit guère à la tentative d’assassinat de Boni Yayi par l’homme d’affaires Patrice Talon. http://www.lanouvelletribune.info/index.php/actualite/annonce/12561-la-reaction-de-l-union-fait-la-nation-a-l-affaire-de-la-tentative-d-empoisonnement-du-chef-de-l-etat

 

-           Le PRD est à la manœuvre pour s’éviter une probable débâcle aux élections municipales et communales à venir. Avec le K.O de Boni Yayi à la présidentielle de 2011 et la poussée territoriale des FCBE aux dernières législatives, on ne peut plus jurer de rien. Même Porto-Novo pourrait prochainement passer sous la tutelle du pouvoir. Peu importera la manière !

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