On aura tout entendu et tout vu ces derniers jours. Des discours et comportements cocasses aux manifestations frivoles. La perspective des prochaines élections au Bénin font tourner la tête à plus d’un. Politiciens et ‘‘apprentis politiciens’’ versent à fond dans la singularité. J’en riais au départ. J’en ris de moins de moins. Par exemple !

-La bataille pour le contrôle de la CENA

Qui tient la Commission Electorale Nationale Autonome, tient les résultats de l’élection, dit-on au Bénin, pour signifier que celui qui contrôle la CENA, a une grosse marge de ‘‘manœuvre’’ sur les chiffres issus du vote. Ceux qui y croient, ont des raisons d’y croire. Mais à présent que le système électoral béninois est sur le point d’être assaini, avec la Liste Electorale Permanente Informatisée (LEPI), le ‘‘Pare-Fraude’’ parfait comme on nous l’a chanté ces derniers mois, il ne devrait plus y avoir guéguerre entre opposition et mouvance pour prendre les devants de la CENA. Or, ce sont les mêmes bagarres, les mêmes tractations, les mêmes malices (coups bas et achats de députés)…bref ! Les mêmes supercheries pour le même enjeu depuis 20 ans que nous votons au Bénin : être en position de force à la Commission Electorale Nationale Autonome et au sein de ses démembrements (Commissions Electorales Départementales, Communales, et d’Arrondissement).

La LEPI, un ‘‘Pare-Fraude’’ ? Mon œil !

-Des appels à candidature en cascade

Si la comédie nous est jouée à chaque veille d’élection, cette fois, c’était la totale avec Boni Yayi en recordman, suivi d’Abdoulaye Bio Tchané.

Adrien Houngbédji, compte tenu des circonstances particulières qui ont concouru à sa candidature, n’aura pas eu besoin à ces élections-ci, de voix fusant de partout, contre espèces sonnantes et trébuchantes ou promesses utopiques, pour l’appeler à être candidat. Souvenez-vous du mode fonctionnement interne de l’Union fait la Nation (U.N) dont il est devenu le porte-étendard au terme d’un processus de désignation à we-clos, qui aurait pu aboutir à un nom autre que le sien. Ce n’était pas impossible, compte tenu du principe sur lequel reposait cette désignation. En principe donc, tous les candidats en lice (Adrien Houngbédji, Lehady Soglo, Sévérin Adjovi) partaient à chances égales. Mais en réalité, l’ordre était déjà préétabli dans les esprits. La survie de l’Union en dépendait. Le reste n’était que tapage dans le dessein de crédibiliser, si cela était encore possible, une démarche aux allures de mise en scène dont personne ne se doutait de la finalité. Ils ont été à deux doigts de m’avoir, même fort persuadé que j’étais que Lehady Soglo ne pouvait pas être choisi au détriment d’Adrien Houngbédji et que Sévérin Adjovi ne serait jamais arrivé en tête devant Lehady Soglo et Adrien Houngbédji.

Pour en revenir à la comédie des appels à candidatures !

Le scénario a failli être crédible du côté des ABTistes. Il n’y a pas eu ici, de groupuscules pour susciter la candidature d’Abdoulaye Bio Tchané à tout bout de champ mais plutôt deux ou trois, plus ou moins grands, regroupements portés par quelques caciques de la scène politique béninoise, qui lui ont dit qu’il a l’étoffe de l’homme d’Etat dont a besoin le Bénin en ce moment et qui lui ont promis de travailler à sa victoire s’il décide de se lancer dans la course au pouvoir. On croirait presque que les envergures respectives de ces grosses pointures de la politique béninoise ont pu avoir effectivement servi de déclic à la candidature de l’ancien ministre des finances du Général de Mathieu Kérékou.

Boni Yayi a battu le record, disais-je. Jusqu’à sa déclaration de candidature le samedi 29 Janvier dernier, il ne passait pas de jour sans qu’un parti, mouvement politique ou association quelconque, parfois monté de toute pièce pour les besoins de la cause, ne lui demande d’être candidat. A vos multiples appels, j’ai décidé de répondre OUI, lançait-il en substance aux milliers de béninois qui se sont rendus au stade de l’amitié ce samedi 29. Abdoulaye Bio Tchané prononçait à peu près les mêmes paroles trois semaines plus tôt. Comme s’ils n’étaient pas candidats de leur propre chef mais parce qu’un certain peuple les y aura invités avec insistance. Heureusement que tout ceci participe de rien d’autre, sauf d’une stratégie de théâtralisation. Une pure comédie sur planche. Ou de la démagogie, autrement. Ce serait beaucoup moins drôle dans ce cas.

(Cela me rappelle ma discussion avec 2 amis sur Facebook, il y a quelques jours http://www.facebook.com/home.php#!/permalink.php?story_fbid=179405848756456&id=1212111759)

-Premier tour K.O !

Voici le slogan qui commence à dominer les meetings politiques sur le terrain. Ce sont les partisans de Maître Adrien Houngbédji et de Boni Yayi qui excellent en la matière. Pour vous dire à quel point, ceux-là se foutent de notre gueule.

J’applaudis l’audace de pareils propos mais je soutiens en revanche, quitte à m’attirer leur foudre, qu’il n’y aura pas de premier tour K.O au Bénin. Boni Yayi n’a pas une telle force de frappe. Adrien Houngbédji non plus. Encore moins Abdoulaye Bio Tchané. En tout cas, pas en février si l’élection a effectivement lieu le 27 prochain. Pour l’instant, nous sommes loin d’en être certains. Nous avons croisé les doigts et attendons tous de voir. Alors, au lieu de clamer « Premier tour K.O ! » sachant que c’est du bluff, déployons toutes nos énergies à crier plutôt « Premier tour O.K ! », comme pour dire aux acteurs chargés de la mise en œuvre du processus électoral, que nous les enjoignons de s’y impliquer corps et âme, afin que le scrutin se tienne à bonne date et dans de bonnes conditions. Faisons-en un impératif, notre préoccupation première, en dépit de notre confiance en l’avenir.

L’optimisme à tout-va mène parfois au gouffre !

Bizarreries de période électorale

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