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8 décembre 2010

Baramogo, quitte dans ça!

Dans un précédent article publié ici même, j’évoquais sans la nommer ‘‘la paranoïa’’ du Président ivoirien sortant qui refuse de sortir. ‘‘Gbagbo et la phobie de l’étranger’’, avais-je intitulé le texte en question. Pour ceux qui ne l’ont pas lu, j’y ai mis en exergue le danger du discours de Laurent Gbagbo pendant la campagne électorale et au lendemain du premier tour de la présidentielle. Ce discours tendant à présenter son adversaire du second tour comme un candidat porté par l’étranger. Dans cet article, j’avais écrit : « A peine les résultats du premier tour ont-il été publiés qu’un avion est venu le chercher pour Dakar. Et à l’heure où je vous parle, il se trouve à Ouaga, dénonçait Laurent Gbagbo avec force, pendant qu’il se posait lui-même en patriote aux convictions profondes pour son pays, à contrario des autres qui seraient des marionnettes téléguidés de l’étranger ». Puis j’avais conclu en ces termes : « J’ose penser que mes frères d’à côté ont fini de transcender cette catégorisation de la société ivoirienne qui voudrait qu’il y ait des ivoiriens patriotes et d’autres, apatrides. Je veux espérer que s’ils votent pour Gbagbo, ce sera parce qu’ils ont jugé son projet de société plus en phase avec leurs aspirations et non parce qu’il aura réussi à les persuader que Ouattara & Co est une entreprise aux ordres de mercenaires. Le mal ne vient pas forcément de dehors ».

    Lors de son investiture, Laurent Gbagbo a encore véhiculé cette idée qu’il tentait de faire avaler aux ivoiriens. « Ces derniers jours, j’ai noté des cas graves d’ingérence…Pour que notre souveraineté ne soit pas piétinée, n’appelons pas les autres à s’ingérer dans nos affaires…Je n’ai jamais appelé quelqu’un du dehors pour venir m’investir », a-t-il déclaré.

    La Communauté internationale quant à elle, refuse d’être tournée en bourrique, d’être « roulée dans la farine » comme qui dirait. Elle a rarement pris position si ouvertement et si unanimement sur des dossiers aussi sensibles que la présidentielle en Côte d’Ivoire. Au nombre des réactions, celle de Nicolas Sarkozy en sa qualité de Président de la République Française a eu un goût plus amer que les autres. Il y a un président qui a été élu en Côte d’Ivoire et c’est Alassane Ouattara, avait soutenu le numéro 1 français. La Côte d’Ivoire n’est pas un territoire français d’Outre-Mer, lui ont répondu les pro-Gbagbo. Nul n’ignore la qualité des relations entre les 2 pays au cours de la dernière décennie. Elles ont été tumultueuses. Ceci mentionné, la réplique des pro-Gbagbo est généralement celle qu’on observe de part et d’autre en Afrique Noire Francophone, lorsqu’il s’agit de l’Elysée et de ses prises de position concernant ces contrées (noires francophones) du continent africain. Quiconque ose tenir tête à la France passe systématiquement pour un héros à nos yeux, tant les préjugés négatifs à l’égard de l’ancienne puissance coloniale sont ancrés dans nos mentalités. Des préjugés qui ne sont pas dénués de tout fondement. La Preuve ? La Françafrique ? Il est indéniable qu’un pareil creuset, soupçonné d’être la trouvaille d’un colonisateur nostalgique pour maintenir le colonisé sous son joug, n’est pas de nature à dissiper les malentendus. Mais…il n’y a pas que Nicolas Sarkozy en France qui se soit prononcé en défaveur de Gbagbo. D’autres l’ont fait, de la majorité présidentielle comme de l’opposition. On retiendra surtout la position officielle du Parti Socialiste. Je rappelle que le Socialisme est un courant politique dont se réclame Laurent Gbagbo qui compte par ailleurs de nombreux amis au sein de ce Parti, métronome de la gauche française. Tous, lui ont dit de laisser tomber. Mais en définitive, Gauche ou Droite, c’est du pareil au même, non ? S’ils ont de profondes divergences de points de vue autour de la politique intérieure de la France, il n’y a pas grand’ chose qui les oppose sur leur approche de ce que doivent être les relations franco-africaines. « La France n’a pas d’amis. Elle n’a que des intérêts », soutenait le Général Charles de Gaulle.

     Donc, en somme, tant que c’est la France qui râle, il n’y a pas à s’en étonner. L’on sait pourquoi. C’est que pour une fois, elle a trouvé ‘‘garçon’’ sur son chemin, petit marteau qui veut casser gros caillou.

     Cependant, sommes-nous à même d’en dire autant des autres réactions outre la position française, toutes désavouant Laurent Gbagbo et ses partisans ? Les Nations Unies, l’Organisation Internationale de la Francophonie, Les Etats-Unis, l’Union Européenne, le Fonds Monétaire International, le Groupe ACP (Afrique Caraïbes Pacifique)…puis en Afrique : l’Union Africaine, la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest, la Banque Africaine de Développement, la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme, l’Union Africaine des Droits de l’Homme…Tous, en des termes variés mais sans ambages, ont invité Laurent Gbagbo à respecter le verdict des urnes. Tous des conspirateurs ?

     Non ! Il ne s’agit nullement d’une conspiration du monde contre la Côte d’Ivoire. Nous avons en présence, des gens intelligents, des observateurs avertis, qui ont déduit leurs propres conclusions à partir de faits et gestes constatés sur le terrain, et se basant sur les appréciations de l’ONU via l’ONUCI, la Mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire. De quoi se mêle-t-elle ? S’offusquent aujourd’hui des ivoiriens. Le pouvoir Gbagbo est allé jusqu’à menacer d’expulser Youn-Jin Choi, le représentant spécial de Ban Ki-Moon et patron de l’ONUCI, si ce dernier continue de soutenir que les résultats issus des urnes sont les vrais et que le président élu a nom Alassane Ouattara. L’ONUCI n’est pas entrain de fouiner là où il ne faut pas. Les accords signés entre les protagonistes de la crise ivoirienne en vue d’une issue pacifique et fiable du processus électoral, stipulent que la Mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire a un droit de regard sur le déroulement du vote. Mieux, c’est elle qui, par des mécanismes qui lui sont propres, certifie les chiffres sortis des urnes. C’était entendu. Le coup du ‘‘Nul n’est au-dessus du Conseil Constitutionnel, représentant d’institution internationale soit-il’’ est un faux débat, un discours de mauvais perdant. Il eut fallu ne pas concéder une telle prérogative à l’ONUCI.

     D’autre part, il y a la scène du mercredi 1er Décembre au siège de la CEI, devant microphones et caméras des médias internationaux. Deux ‘‘gros bras’’, membres pro-Gbagbo de la Commission Electorale ont littéralement empêché le porte-parole de la structure de rendre publics certains chiffres du second tour de l’élection présidentielle, sous prétexte que ces chiffres à publier n’étaient pas ‘‘consolidés’’. Jouer aux trouble-fêtes n’était pas la meilleure voie de protestation. Dans le même temps, Pascal Affi N’Guessan, le directeur de campagne de Laurent Gbagbo dénonçait des irrégularités et des fraudes massives dans la région Nord de la Côte d’Ivoire avec la menace de saisir le Conseil Constitutionnel aux fins d’invalidation du scrutin dans cette partie du pays. En attendant, il fallait museler la CEI, jusqu’à ce que le délai légal de publication des résultats provisoires expire et jusqu’à ce que le Conseil Constitutionnel saisi, se prononce en faveur de Laurent Gbagbo. Quand le président de la commission électorale extirpé sous haute sécurité de ses bureaux, est parvenu à dévoiler les chiffres en sa possession, c’était effectivement trop tard, du point de vue de la loi. Les ‘‘gros bras’’ de La Majorité Présidentielle ont accompli leur mission ou presque, puisque nous avons, quand même, eu des résultats avant le ‘‘coup de théâtre’’ du Conseil Constitutionnel. Comme prévu, Paul Yao N’Dré et les autres membres du Conseil ont déclaré les chiffres de la CEI non valables. Les vrais résultats de l’élection, ce sont eux qui étaient maintenant habilité à nous les fournir. Ils avaient 7 jours pour étudier les recours en annulation déposés sur leurs bureaux. Une demi-journée leur a suffi pour statuer. Le vote a été invalidé dans plusieurs localités de la région septentrionale de la Côte d’ivoire, soit au total 7 départements où Alassane Ouattara était très largement arrivé en tête au premier tour avec des scores de 80 à 90%, voire plus, sans que les pro-Gbagbo s’en soient émus outre mesure. Qu’est-ce-que le Conseil Constitutionnel a pu tirer au clair en une demi-journée ? Pourquoi Alassane Ouattara se risquerait-il à tripatouiller le vote dans une région qu’il sait totalement acquise à sa cause ?

Faut laisser affaire. Qui va blaguer qui ?

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